mercredi 23 janvier 2013

Ce n'était qu'un chat, mais c'était notre chat


Ce n'était qu'un chat, après tout.
Il était roux, il était gros mais il était formidablement gentil, n'a jamais griffé personne, n'a jamais confondu nos meubles et nos tapisseries avec un grattoir, n'a jamais fait ses besoins ailleurs que dans sa caisse (le chat rêvé quoi) et c'était notre chat depuis 10 ans.

Le chat de la famille. Un membre à part entière pour nos deux enfants. Il était à la maison avant leur naissance. Pour eux, c'est "le cinquième". Ils sont donc bien plus touchés par ce qui peut lui arriver de grave qu'ils ne pourraient l'être, par exemple, par la mort d'un membre de la famille qu'ils voient deux ou trois fois dans l'année.

Mon chat était au bout du rouleau, et nous aussi, par conséquent.

Deuxième hospitalisation en l'espace de deux mois, pour de sérieux problèmes urinaires. 5 jours dans un cage, sous médicaments, avec un sonde... Nous l'avons ramené chez nous et, un jour après, malheur, rebelote. De nouveau dans l'impossibilité d'uriner, alors qu'il était encore sous médicaments.
Je vous passe les détails.
Qu'aurait-il fallu faire ?
Décider de continuer les soins, donc le ramener à la clinique vétérinaire pour une nouvelle hospitalisation de 5 jours avec sonde et tout le bataclan, sans être sûrs qu'au final, il ira mieux ?
Au bout d'un moment, il faut être réaliste et savoir dire stop, pour arrêter les frais (900 € pour lui en l'espace de 2 mois) et tout simplement parce que ce n'est pas une belle vie pour un animal que de passer régulièrement plusieurs jours en hospitalisation, avec tout le stress que cela engendre pour lui.

Pour les enfants, c'est dur parce que c'est la première fois qu'ils sont confrontés à la mort d'un proche. Qui plus est, une mort que l'on donne volontairement.
Pas facile de trouver les mots pour qu'ils comprennent la dimension du pour et du contre que nous avons pesés.
Nous leur avons expliqué dès le départ que notre chat était très malade, que le docteur n'arrivait pas à le soigner et que la solution allait être de lui faire un piqûre pour l'endormir, et qu'il ne se réveillerait pas car ça le ferait mourir, tout doucement, sans qu'il sans aperçoive. Je pense qu'ils ont compris pourquoi on ne pouvait pas contraindre notre chat à des aller-retours incessants entre la maison et la clinique vétérinaire. Autant pour lui que pour nous.
Car quand un animal de compagnie est en souffrance, ses maîtres le sont aussi.
Personnellement, je n'avais pas été stressée de la sorte depuis des années et des années, face à l'incertitude dans laquelle nous avons été plongés pendant une semaine.

Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas une Brigitte Bardot. Je ne suis pas l'amie des bêtes et les animaux de compagnie me laissent assez indifférentes. Même notre chat, je n'avais pas l'impression d'y être particulièrement attachée. Je le laissais faire sa vie dans la maison et je ne le regardais pas plus que cela, point.
À la première alerte il y a 2 mois, lors de sa première hospitalisation, je me souviens avoir pleuré comme une madeleine quand le vétérinaire m'a appelée pour me dire que tout s'était apparemment bien passé et que nous allions pouvoir le récupérer ; avoir versé de grosses et chaudes larmes de soulagement, comme je n'en avais jamais versé. J'étais impressionnée par ma réaction et je me suis dit que merde, ce chat, j'y tenais bien un peu quand même.

Mais c'était il y a 2 mois. On ne se doutait pas que les soucis de santé de notre chat allaient revenir aussi vite...

Jeudi après-midi, pendant que les enfants étaient à l'école, je l'ai donc accompagné à la clinique, pour la dernière fois, et je suis rentrée seule à la maison. 
Tout est relatif, j'en ai conscience, mais je peux dire que c'est la chose la plus "violente" que j'ai eu à faire dans ma vie et la perte la plus dure que j'ai eu à affronter moi aussi. Certainement parce que j'en ai été quelque-part actrice.
Les enfants ont eu beaucoup de peine en revenant à la maison. Ils savaient ce qui allait se passer ce jour mais le travail en classe et les copains leur a changé les idées. Je n'ai pas eu le courage, le matin, de leur demander de dire adieu au chat. J'aurais mal vécu de les faire pleurer juste avant de partir à l'école. 
Dans la journée, j'ai tout simplement pris quelques photos et fait une petite vidéo du chat en train de ronronner sous mes caresses. Des images que nous pourrons regarder dans quelques temps, quand la peine se sera apaisée.
Le petit a réagi, avec quelques larmes, mais surtout par une logorrhée verbale, se posant et me posant plein de questions. La grande, quant à elle, s'est faite discrète, s'est mise dans un coin avec un livre. J'ai dû aller la voir et la questionner pour la "forcer" à "en parler". À peine lui avais-je adressé la parole que les larmes ont coulé...

Comme je l'ai dit plus haut, tout est relatif, ce n'était "qu'un" chat et la vie reprend vite ses droits.
Ma fille est toute excitée d'être invitée à l'anniversaire d'une copine aujourd'hui et mon fils me tanne encore plus pour que je l'inscrive dans un club de foot, même si les chagrins du soir, au moment de se coucher, sont parfois encore là.
La boule que j'ai eu au ventre pendant deux jours et qui m'empêchait de manger s'en est progressivement allée. Je n'ai plus les larmes aux yeux quand je parle de Bambou, mais j'ai encore un certain sentiment mélangé d'échec et de culpabilité.

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